
Union Africaine : 60 ans après, l’Afrique ne doit pas redevenir “un terrain de bataille géostratégique” des grandes puissances…

Tel est l’appel martelé ce jeudi 25 mai 2023 par le président de la Commission de l’Union Africaine, Moussa Faki Mahamat, au siège de l’institution à Addis-Abeba en Ethiopie. Le diplomate tchadien s’exprimait ainsi à l’occasion de la célébration du 60è anniversaire de la création de l’organisation d l’Unité Africaine, le 25 Mai 1963…
Il y a 60 ans, le 25 Mai 1963 exactement, des Chefs d’Etats africains se réunissaient à Addis-Abeba, la capitale de l’Ethiopie, pour fonder l’Organisation de l’unité africaine (OUA). Une institution dont l’objectif était de promouvoir la paix, la sécurité et la stabilité dans le continent, en favorisant notamment l’unité et la solidarité de l’Afrique tout en combattant le colonialisme.
60 ans après, cet objectif noble est loin d’avoir été atteint , malgré le changement de dénomination survenu en 2002, où l’OUA a été remplacé par l’Union Africaine (UA). Mais là semble s’arrêter la différence entre les deux institutions, cette dernière empruntant malheureusement le même chemin que l’OUA, que ce soit dans son incapacité à maintenir la paix sur le continent, qu’a lui impulser un véritable développement économique
Bien pire, les pays africains sont aujourd’hui au centre des batailles géostratégiques des grandes puissances, au détriment de leurs intérêts propres.*
C’est le constat dressé ce jeudi 25 Mai 2023 par le tchadien Moussa Faki Mahamat dans son discours prononcé à l’occasion de la célébration des 60 années de l’institution dont il est le président de la commission.
L’Afrique doit s’unir…
“Aux chocs liés aux facteurs classiques de fragilisation, tels que l’écrasant service de la dette ou la chute des prix des matières premières, sont venus s’ajouter les conséquences de l’intensification de la lutte hégémonique entre les grandes puissances. Dans ce contexte international d’affrontement des intérêts géopolitiques divergents, la volonté des uns et des autres menacent de transformer l’Afrique en terrain de bataille géostratégique, recréant de ce fait une nouvelle version de la guerre froide fort préjudiciable à l’efficacité du multilatéralisme dont dépend la paix et la sécurité mondiales”, a-t-il martelé.
“Dans ce jeu à somme nulle où les gains des autres se traduiraient par des pertes pour l’Afrique, nous devons résister à toutes les formes d’instrumentalisation de nos États membres, pris individuellement et collectivement, en partageant la forte conviction que notre avenir reste et restera conditionné par la construction patiente et méthodique de notre unité. L’Afrique doit s’unir, disait Kwame Nkrumah”, a-t-il poursuivi.
La Covid-19 et la résilience de l’Afrique
Toutefois, Moussa Faki Mahamat a salué quelques succès de l’OUA, notamment “celui des indépendances et de la victoire contre l’apartheid, celui des progrès économiques significatifs, des sports, des arts, de l’accroissement du rôle international de l’Afrique”, a-t-il dit.
“Malgré les difficultés de tous ordres, l’Afrique reste caractérisée par sa grande capacité de résilience. Elle a pu malgré des prévisions pessimistes d’alors, tenir bon face à la prévalence de la Covid-19. Mieux, elle a saisi l’occasion de ce malheur pour repenser sa stratégie sanitaire”, a-t-il rappelé.
“Preuve que si l’Afrique veut, elle peut, quels que soient la nature et les types d’adversité auxquels elle pourrait avoir à faire face”, a-t-il déclaré…