
Football – Racisme : Ces joueurs africains traités de singe dans les stades d’Espagne…

Les insultes racistes proférées dimanche par le public du stade de Valence à l’encontre du Brésilien du Real Madrid Vinicius Junior ont réveillé de mauvais souvenirs pour le football espagnol, éclaboussé par plusieurs affaires similaires ces 40 dernières années, notamment à l’encontre des footballeurs africains à l’instar de Samuel Eto’o…
La justice espagnole a ouvert une enquête lundi, au lendemain des nouvelles insultes proférées contre Vinicius Junior, l’attaquant brésilien du Real Madrid, lors d’un match du championnat d’Espagne de football, de nouveau confronté au phénomène du racisme dans ses stades. Un fléau vieux depuis des années…
En effet, légende du Cameroun, mais quasi inconnu en Espagne à son arrivée à l’Espanyol Barcelone en 1982, l’immense Thomas Nkono fut victime d’insultes, de chants racistes et de jets de bananes au Camp Nou lors du derby face au Barça.
“Le plus drôle, c’est qu’une partie du stade me traitait de tous les noms, pendant que l’autre partie les sifflait pour qu’ils arrêtent. Moi j’ai toujours pris ça comme un défi”, a récemment raconté Nkono dans un entretien au journal en ligne espagnol El Confidencial.
Compatriote et successeur de Nkono à l’Espanyol Barcelone, Idriss Carlos Kameni fut également la cible de cris de singe de la part d’une partie du public de Saragosse en 2004.
Kameni : “Mon pire moment”…
“Mon pire moment”, a commenté le gardien de but à la radio Cadena Ser en 2017.
“On gagnait 1-0 et ils m’avaient traité de tout. Même l’arbitre m’avait demandé si je me sentais assez bien pour continuer à jouer. Je ne savais même plus où j’étais, mais j’ai trouvé la force pour continuer à jouer”. Mais cet incident ne sera pas isolé : cinq mois plus tard, Kameni sera victime de jets de bananes au stade de l’Atlético Madrid.
“Quand une personne vit quelque chose comme ça, elle peut rentrer chez elle et se suicider. Personne ne peut imaginer ce que j’ai vécu”, a confié Kameni à la chaîne Movistar en 2020.
Les cinq années passées par la légende camerounaise Samuel Eto’o au FC Barcelone (2004-2009) furent aussi bien glorieuse que jalonnées d’incidents racistes, comme lorsque l’attaquant lance le ballon vers le public de Getafe en 2004 après avoir été victime de cris de singe.
Eto’o : “Je ne joue plus”…
Deux semaines plus tard, contre Albacete, Eto’o est à nouveau victime d’insultes racistes. En 2005, l’attaquant camerounais célèbrera même un but en parodiant un singe.
Et en 2006, victime d’insultes racistes à Saragosse, Eto’o décide d’abandonner le terrain alors qu’il s’apprête à tirer un corner. “No juego mas !” (“Je ne joue plus !”), dit-il à l’arbitre, qui tente de le convaincre de répondre en restant sur le terrain.
Après l’intervention de plusieurs personnes sur la pelouse, Eto’o revient sur ses pas et le match s’achève. Quelques jours plus tard, la fédération espagnole sanctionne le club du Real Saragosse d’une amende de 9 000 euros…
En 2020, l’attaquant de l’Athletic Bilbao Iñaki Williams est victime de cris de singe au moment de son remplacement sur la pelouse de l’Espanyol Barcelone. L’international ghanéen avait déjà été victime d’insultes racistes à Gijon, en 2016, et l’arbitre avait alors brièvement interrompu la rencontre durant quelques minutes.
Des supporters poursuivis…
Le président du gouvernement espagnol Pedro Sanchez condamne ces agissements et Marca, le quotidien le plus vendu d’Espagne, titre en une “Nous sommes tous Williams : le racisme, ça suffit”. Deux supporters de l’Espanyol seront par la suite poursuivis devant la justice.
La liste des joueurs africains victimes d’incidents raciste comprend également : Nico Williams, Mouctar Diakhaby, Frédéric Kanouté, Yaya Touré…
Avec le récent cas du brésilien Vinicius, il est peut-être temps que la fédération espagnole de football siffle la fin de la récréation.
D’ailleurs, devant la presse, Luis Rubiales, son président, a reconnu que le football espagnol avait “un problème de racisme”, qui, a-t-il ajouté, “entache toute une équipe, tous les supporters, tout un pays”…
La rédaction (avec AFP)