
Changement climatique : À Dakar, les pays africains expriment leur ras-le-bol et exigent des réparations…

La 18e Conférence des Ministres Africains de l’Environnement (CMAE) s’est tenue au Sénégal ce jeudi 15 septembre 2022. Un évènement organisé en prélude à la prochaine Conférence mondiale de l’ONU sur le climat (COP27), qui se déroulera en novembre prochain en Egypte. À Dakar, les ministres africains ont exprimé leur mécontentement face au manque d’engagement des pays les plus pollueurs de la planète, exigeant notamment des réparations sur les dommages du changement climatique…
Des canicules plus fréquentes et plus longues, aux sècheresses, inondations et cyclones, l’Afrique est, de toutes les régions du monde, le continent qui subit les effets les plus importants du changement climatique.
Une addition plutôt salée pour un continent qui n’émet que 0,55% des gaz à effet de serre du globe.
Si le constat était déjà le même lors de la COP 26, les pays africains semblent cette fois-ci résolument décidé à faire changer la donne.
Dans cette optique, la 18e Conférence des Ministres Africains de l’Environnement (CMAE), qui s’est tenue à Dakar au Sénégal, le 15 septembre 2022, a vu le continent adopter une position commune à défendre en Novembre prochain à Sharm El-Sheikh en Egypte, lors de la COP 27.
Justice pour l’Afrique…
Ainsi, fort du constat que le continent payait un lourd tribut du réchauffement climatique, dont 20 pays au monde représentent 80% des émissions nocives, l’Afrique a exprimé son mécontentement .
“Les événements tels que les inondations, l’érosion côtière, les pluies hors saison… Quand ces événements surviennent de manière imprévisible avec des intensités parfois extrêmement élevées, les pays sont laissés à eux-mêmes. Il est devenu impératif qu’un fonds soit mis en place qui prend en charge les pertes et dommages, notamment dans les pays les moins avancés”, a déclaré le ministre sénégalais de l’Environnement Abdou Karim Sall, hôte de la rencontre.
Le ministre sénégalais de l’environnement lors de la CMAE à Dakar…
“Ceux qui ont pollué plus doivent mettre la main à la poche. Ce n’est pas de l’aide au développement. À la prochaine COP, nous espérons que justice sera rendue à l’Afrique”, a-t-il ajouté.
Une position légitime que l’envoyé américain pour le climat, John Kerry, n’a pas manqué de reconnaître.
“Tout le monde contribue d’une manière ou d’une autre. Est-ce qu’il y a une disparité à cela ? Oui. Est-ce qu’il y a une injustice là-dedans ? Oui, et il est important que nous nous alliions et trouvions les moyens de compenser”, a-t-il martelé, avant d’annoncer qu’un soutien financier considérable de son pays, par ailleurs deuxième plus gros pollueur de la planète, devait être accordé à la Banque Africaine de Développement (BAD) pour la réduction de méthane en Afrique.
Un combat de tous ?
Une aide qui était, a-t-il rappelé, de 8,2 milliards de dollars – sur les 100 milliards réclamés par le continent – en 2021.
Par ailleurs, le diplomate américain a également exhorté les Etats africains à se joindre aux occidentaux dans cette lutte contre le réchauffement de la planète.
“Le monde développé doit en faire plus, mais nous avons aussi besoin de vous autour de la table. Car Mère Nature ne mesure pas d’où proviennent les émissions “, a t-il déclaré.
Mais la déclaration de l’homme politique américain n’est pas sûre d’être entendue par un continent qui amorce à peine son développement économique.
“Nous devons aussi lutter contre la pauvreté, il faut lier la question de la protection de l’environnement à l’économie pour arriver au développement durable. Nous n’acceptons pas qu’ils viennent nous dire de renoncer au levier que nous avons”, a d’ores et déjà prévenu le ministre sénégalais de l’environnement…