
Edito : Ton pied, mon pied !

Ton pied, mon pied !
”Aujourd’hui J’ai 123 combattants de la liberté qui sont toujours enfermés !”
Ce sont les mots percutants qu’a prononcés Valséro le musicien rappeur camerounais, du haut des planches du Zénith à Paris, ce samedi 21 septembre 2021. Dans la salle de concert parisienne, située dans le parc de la Villette, dans le XIXe arrondissement devant une foule en liesse, le Général comme il se fait appeler, lançait ainsi un appel au gouvernement de Paul Biya pour la libération d’une centaine de ses compagnons d’infortune. Face à Valséro plus de 7000 fans scandaient en chœur « Libérez, Libérez, Libérez ». Quelques instants auparavant, toujours dans le chaudron du Zénith, Maurice Kamto le leader du MRC avait été accueilli aux cris de Prési… Kamto, Prési… Kamto avec les honneurs dus à un chef d’état, celui de « Président du Cameroun dont la victoire a été volée » à l’issue de l’élection présidentielle de 2018, selon ses partisans.
Un nouveau paradigme
Valséro, de son vrai nom Gaston Abe, a fait de son concert une plateforme de détente avec ses fans, mais surtout une tribune de conscientisation de ses compatriotes sur l’importance de la paix. Il dit vivre aujourd’hui un drame perpétuel, celui que lui fait vivre son pays englué dans une déliquescence socio-politique. Pour ce musicien-politique, le souvenir de ce qu’il a vécu au Cameroun à travers les affres du pouvoir de Yaoundé le tourmente encore. La répression brutale des manifestations organisées par l’opposition, les violences meurtrières dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest sont autant de situations d’une violence inouïe qui commandent que l’on s’arrête pour insuffler au vivre ensemble une nouvelle dynamique. Ce changement passe par l’adoption d’un nouveau paradigme dans le discours, un véritable discours de paix, une paix qui passe par l’expression de l’amour entre Camerounais de toutes origines et de toutes confessions. Pour y parvenir, Valséro demande à ses compatriotes de croire, croire en l’unité, croire au progrès, à la justice, au bien, d’avoir foi dans les destinées du Cameroun. Il ne sert à rien, dit-il, de clamer son amour pour le Cameroun, si on ne peut d’abord aimer le camerounais.
Soutien total de la diaspora
Ce méga concert, Valséro ne l’a pas donné en solo. Autour de lui et pour la grande joie des spectateurs, André Marie Tala, Kareyce Fotso et Richard Bona. Fait inédit, jamais un opposant de l’Afrique au sud du Sahara n’avait eu autant de soutien de la part de sa diaspora dans la capitale française. Le concert du Zénith a été s’il en est encore besoin, la preuve par 7000 qu’il n’y a pas l’ombre d’un nuage entre Maurice Kamto et son allié / ami. Ce concert a été au grand dam des adversaires et autres détracteurs de Valséro et Kamto, la preuve que la popularité de ces deux figures majeures de la politique camerounaise est restée sinon intacte mais plus grande encore depuis l’élection présidentielle de 2018.
Ce samedi 18 septembre 2021, le Cameroun entier a été témoin de l’Histoire ! Le Cameroun a su, il a vu et entendu ce qui s’est passé à Paris ; une importante partie de la diaspora camerounaise, Valséro ainsi que le Pr Kamto se sont dits : “Ton pied, mon pied”.
Un extrait du concert au Zenith de Paris ci-dessous
Dr Jean-Marie Watonsi