
DÉCÈS DU CARDINAL CHRISTIAN TUMI : LA FIN D’UN PRÉLAT ACCOMPLI.

DÉCÈS DU CARDINAL CHRISTIAN TUMI : LA FIN D’UN PRÉLAT ACCOMPLI.
Son éminence le cardinal Christian Tumi, archevêque émérite de Douala au Cameroun, est décédé ce 03 avril 2021, à l’âge 91 ans.
C’est un jour triste pour le Cameroun. Particulièrement funèbre pour son église catholique. L’archevêque émérite de Douala, Son éminence le cardinal Christian Tumi, vient de quitter la scène à la clinique Idimed de Douala. Il était âgé de 91 ans. “J’ai la profonde douleur de vous annoncer le retour à l’Éternel de son éminence Christian Cardinal Tumi, décès survenu ce 3 Avril 2021. Par la miséricorde de Dieu que son âme repose en paix” a annoncé sur sa page Facebook, Mgr Samuel Kleda, archevêque de Douala. Une nouvelle également communiquée aux fidèles présents au cours d’une messe dite ce même jour, à la Cathédrale St Pierre et Paul. “Le diocèse de Douala a le regret d’annoncer le décès du cardinal Christian Wiyghan Tumi à l’âge de 91 ans des suites de maladies”, a-t-il indiqué.
Le cardinal
Avec la disparation de son tout premier cardinal, le Cameroun vient ainsi de perdre l’un de ses plus illustres fils. Né à Kikaikelaki (Kumbo) le 15 octobre 1930 , c’est au diocèse de Buea que Christian Wiyghan Tumi fut ordonné prêtre, le 17 avril 1966. Le début d’une longue carrière cléricale qui le verra recteur du grand séminaire régional de Bambui dans l’archidiocèse de Bamenda, puis évêque de Yagoua, où il sera consacré par le Pape Jean Paul II en personne le 6 janvier 1980. Il deviendra ensuite Archevêque de Garoua le 17 mars 1984, puis de Douala le 31 août 1991.
Au cours du consistoire du 28 juin 1988, il est créé cardinal par le pape Jean-Paul II, avec le titre de cardinal-prêtre de Santi Martiri dell’Uganda a Poggio Ameno. C’est le premier cardinal camerounais, le seul à ce jour. Après 43 ans de vie pastorale, il se retire de sa charge d’archevêque le 17 novembre 2009, alors âgé de 79 ans.
L’apôtre de la paix…
Au cours de sa vie, le cardinal s’est illustré par sa liberté de ton, suscitant parfois la crainte du gouvernement. Dans les années dites de “braises” au Cameroun (1990 – 1992 NDLR), il avait notamment milité pour l’avènement de la démocratie. Tout récemment, la crise qui sévit dans les régions du Nord-Ouest et du Sud Ouest l’a fait remonter au créneau, laissant découvrir l’apôtre de la paix.
Prônant avant tout le dialogue, ses différentes sorties susciteront des remous tant chez les séparatistes que du côté du gouvernement. Des positions pourtant bien expliquées dans son dernier ouvrage intitulé Ma nuit en captivité, publié en 2020. “Je ne soutiens pas ces personnes dans la brousse, bien que le gouvernement me soupçonne d’être l’un de leurs partisans. Je ne suis pas d’accord avec ce qu’ils font (…) je ne soutiens pas la répression du gouvernement, qui a conduit à la prise d’armes. Je maintiens ma neutralité. Tout ce que je veux, c’est que les armes se taisent et que la paix revienne dans le pays”, peut-on y lire.
…Kidnappé
Pour le prélat, seul un dialogue inclusif pourra mettre un terme à ce conflit. “Il faut qu’on les écoute et qu’on cherche à savoir ce qu’ils veulent. Il faut privilégier le dialogue. Quand on dialogue, on résout beaucoup de problèmes. Ce qui fait problème, c’est qu’on n’a pas créé un forum de dialogue”, déclarait-il, dans un livre d’entretiens en 2017. Le 05 novembre 2020, il fut même kidnappé par ces sécessionnistes, qui lui reprochaient alors son opposition à leur projet macabre de fermeture des écoles. Il sera heureusement libéré 24h après.
Le 09 septembre 2008, le cardinal a reçu le prix Cardinal von Galen, décerné par l’ONG Human life international “en reconnaissance de près d’un demi-siècle de pastorale de ce Prélat en faveur de la famille, des laissés pour compte, de l’avènement et du respect du jeu démocratique au Cameroun”. Egalement lauréat du Prix de l’Intégrité 2011 décerné par Transparency international, le Cardinal Christian Tumi quitte la scène au moment où la communauté catholique s’apprête à célébrer la résurrection du Christ, à travers la fête de Pâques.
Guy Sandy
gsandy@wihianews.com