
GABON : LA PREMIÈRE SORTIE D’ALI BONGO DEPUIS SON AVC.

GABON : LA PREMIÈRE SORTIE D’ALI BONGO DEPUIS SON AVC.
Le président gabonais, Ali Bongo, a accordé une interview à Jeune Afrique le 16 mars 2021. C’est sa première sortie depuis son AVC en 2018.
Le président du Gabon, Ali Bongo, a accordé sa première interview depuis son AVC, ce 16 mars 2021. C’était chez les confrères de Jeune Afrique, le magazine panafricain. Un entretien exclusif, sans tabou, au cours duquel il aura répondu à toutes les questions de l’hebdomadaire panafricain, dans le salon des ambassadeurs du Palais du bord de mer, le siège de la présidence.
Véritable miraculé depuis son accident vasculaire cérébral, survenu en octobre 2018 en Arabie Saoudite, Ali Bongo semble aujourd’hui avoir récupéré.
Extraits.
Vous avez été victime d’un grave AVC en Arabie saoudite, en octobre 2018. Comment allez-vous aujourd’hui ?
Grâce à Dieu, je vais bien, et je tiens à remercier à nouveau les autorités des royaumes d’Arabie saoudite et du Maroc pour leur accueil chaleureux et fraternel. Je remercie également les Gabonaises et les Gabonais qui, en pensées et en prières, m’ont accompagné durant cette épreuve. J’ai puisé beaucoup de force dans leur soutien. Enfin, je redis merci à ma famille, tout particulièrement à mon épouse et à mes enfants, qui ont été constamment à mes côtés.
Vous avez nommé votre fils aîné, Noureddin Bongo Valentin, coordinateur général des affaires présidentielles. Quelle mission lui avez-vous réellement confiée ? Certains disent que vous le préparez à vous succéder, en 2023 par exemple…
C’est moi qui lui ai demandé de venir travailler au service des Gabonaises et des Gabonais. Il a alors, sans hésiter, quitté un travail qu’il aimait et dans lequel il réussissait. Noureddin, en qui j’ai évidemment toute confiance, est extrêmement compétent. Il m’assiste au quotidien, veille à ce que mes directives soient bien exécutées et en assure le suivi. Il occupe une fonction très technique. Il a également une vision très affirmée du développement du Gabon à long terme, un regard très actuel et une sensibilité particulière sur une série de sujets tels que la formation professionnelle, la lutte contre les inégalités, la protection de l’environnement.
Enfin, j’apprécie tout particulièrement sa franchise. Chose très rare dans ce milieu, il n’hésite pas à me dire ce qu’il pense et à tirer la sonnette d’alarme quand il estime que la voie empruntée n’est pas la bonne. Pour le reste, je ne commente ni les spéculations ni les fantasmes.
Sa nomination est intervenue après la chute, puis l’arrestation pour détournement de fonds publics, de Brice Laccruche Alihanga, votre directeur de cabinet. La disgrâce de cet homme, naguère tout-puissant, a suscité l’incompréhension. Que s’est-il réellement passé ?
Vous comprendrez que, dans ma position et en vertu de la séparation des pouvoirs, je ne commenterai pas une procédure judiciaire en cours. Tout ce que je peux dire, c’est que j’ai une entière confiance dans la justice de mon pays. Si des fautes ont été commises, elles devront être sanctionnées, et cela c’est à la justice de le déterminer. Les pressions extérieures, d’où qu’elles viennent et sous quelque forme que ce soit, n’y changeront rien. La justice gabonaise est indépendante.
Êtes-vous satisfait de votre Première ministre, Rose Christiane Ossouka Raponda, et de son équipe ?
Je la connais bien, depuis sa première nomination au gouvernement. Elle avait notamment fait un passage remarqué et remarquable au ministère de la Défense nationale. Comme leurs prédécesseurs, elle et son gouvernement seront jugés, le moment venu, sur leur bilan. J’attends de leur part des résultats significatifs. Le quotidien des Gabonais doit être amélioré ; l’avenir du pays, mieux préparé. Ce que je peux dire à ce stade, c’est que la Première ministre a toute ma confiance.
Face à vous, une opposition éclatée. Qui sont vos principaux adversaires ? Jean Ping, Guy Nzouba-Ndama, Alexandre Barro-Chambrier ?
Il ne m’appartient pas de faire un commentaire sur tel ou tel, en particulier en dehors de ma famille politique. Toutefois, rappelons-nous que certains, qui donnent aujourd’hui des leçons à tout propos, ont été longuement aux affaires et ont occupé de très hautes fonctions. La critique est aisée, l’art est difficile, comme on dit. La démocratie gabonaise gagnerait à avoir une opposition structurée et constructive, qui ne se contente pas de critiquer sans jamais faire de contre-propositions. La politique n’est pas qu’un jeu de pouvoir. C’est avoir entre ses mains le destin de centaines de milliers de femmes et d’hommes. Il faut donc être responsable et savoir faire passer les intérêts de son pays avant tout.
Pierre Claver Maganga Moussavou, l’ex-vice-président, n’a toujours pas de successeur. Envisagez-vous de le remplacer ?
La question sera réglée dans les plus brefs délais. J’ai actuellement à l’étude plusieurs profils.
Comment ont évolué les relations avec la France sous la présidence d’Emmanuel Macron ?
La période Hollande, entre 2012 et 2017, avait été particulièrement délicate… Sous François Hollande, les relations entre le Gabon et la France n’ont pas toujours été très fluides. Il y a eu des incompréhensions. Depuis l’élection d’Emmanuel Macron, elles se sont très nettement améliorées. Nous partageons la même volonté d’avoir des relations bilatérales nourries, apaisées et, je dirais, modernisées ».
Guy Sandy
gsandy@wihianews.com