
SOUDAN : DES PARAMILITAIRES POURSUIVIS POUR AVOIR TORTURÉ À MORT UN CIVIL.

SOUDAN : DES PARAMILITAIRES POURSUIVIS POUR AVOIR TORTURÉ À MORT UN CIVIL.
Au Soudan, un mandat d’arrêt a été émis contre des responsables d’une milice paramilitaire, accusés d’avoir torturé à mort un civil à Khartoum.
C’est une affaire qui a fait grands bruits au Soudan. Bahaa Eddine Nouri, un électricien âgé de 45 ans, est mort après avoir été enlevé le 16 décembre 2020 par des hommes en civil à bord d’une voiture sans plaque. Des hommes de la milice paramilitaire “Forces de soutien rapide” (FSR).
Issues des milices janjawid, Les FSR sont des unités intégrées à l’armée soudanaise sous le règne d’Omar el-Béchir. A plusieurs reprises accusées de crimes de guerre au Darfour, elles sont aujourd’hui dirigées par le général Hemedti, numéro deux du Conseil de souveraineté.
Bahaa Eddine Nouri était membre du “comité de résistance” de son quartier, association très active dans la dénonciation du régime de l’ex-président Omar el-Béchir. C’est une semaine plus tard que son corps avait été retrouvé à la morgue de l’hôpital d’Omdourman, ville voisine à Khartoum. Ayant constaté que son cadavre portait des marques de tortures, sa famille avait alors refusé de l’enterrer.
Après avoir réalisé une nouvelle autopsie, le ministre de l’information, Faisal Mohammed Saleh, avait directement accusé la milice paramilitaire. Pour ce dernier, “selon les premiers éléments de l’enquête, Baha Eddine Nouri est mort pendant son interrogatoire par les Forces de Soutien Rapide“.
Vague d’indignation
Une vague d’indignation s’était dès lors, emparée du pays. Dans un communiqué, l’Association Professionnelle Soudanaise, mouvement de protestation à l’initiative de la destitution d’Omar el-Béchir, a même donné 15 jours au gouvernement et aux Forces de soutien rapide pour “engager des actions contre les personnes ayant tué Bahaa Eddine Nouri, sinon la rue parlera”.
Dans un premier temps, les FSR ont affirmé avoir suspendu les agents responsables de la mort de Bahaa el-Din. Puis lundi au soir, le bureau du procureur a affirmé dans un communiqué que l’autopsie de son corps montrait effectivement qu’il avait souffert de plusieurs blessures ayant conduit à sa mort. Une procédure a été engagée pour “arrêter immédiatement et transférer devant le procureur tous les membres des Forces de soutien rapide impliqués dans l’arrestation puis dans la mort de Nouri afin qu’ils soient poursuivis” par la justice, a poursuivi ledit communiqué.
De quoi contenir un peu la polémique qui ne cessait d’enfler, car pour de nombreux défenseurs des droits de l’Homme, ces “brigades fantômes” agissent en toute impunité et menacent les aspirations démocratiques du pays.
Guy Sandy
gsandy@wihianews.com