
NIGÉRIA : BOKO HARAM REVENDIQUE L’ENLÈVEMENT DE KATSINA.

NIGÉRIA : BOKO HARAM REVENDIQUE L’ENLÈVEMENT DE KATSINA.
Le leader de la secte islamique Boko Haram, a revendiqué l’enlèvement des lycéens à Katsina, dans un message diffusé ce mardi 15 décembre 2020.
Abubakar Shekau, chef du groupe islamiste Boko Haram, a diffusé un message ce mardi 15 décembre 2020. “Je suis Abubakar Shekau et nos frères sont derrière l’enlèvement à Katsina.” peut-on entendre. Cette secte serait donc derrière l’enlèvement de plusieurs centaines de lycéens à Katsina, au soir du vendredi 12 décembre 2020.
En effet, ce jour-là, “les bandits sont arrivés à moto en tirant par intermittence et ont tenté d’entrer dans l’école gouvernementale à kankara” renseignait le porte-parole de la police de l’Etat, Isa Gambo.
“Les ravisseurs ont affronté le personnel de sécurité. Pendant ce temps, un autre groupe est entré dans l’école et a enlevé plusieurs élèves”, affirmait à son tour Nura Abdullahi, un témoin. “J’ai l’impression de revenir de l’enfer. J’ai eu le réflexe de sauter par la fenêtre de mon dortoir, dès que j’ai entendu les premiers coups de feu, j’ai couru, couru avant de me réfugier dans la brousse où j’ai passé la nuit.” avait d’ailleurs relaté dans le quotidien nigérian Daily Trust, un rescapé, Kabir Isah.
Le président Buhari critiqué
Cette attaque avait été condamné par le président Buhari, en visite à Katsina au moment de l’enlèvement : “Je condamne fermement l’attaque de lâches bandits contre des enfants innocents à l’école de sciences de Kankara”, avait-t-il déclaré dans un communiqué.
Au total, près de 333 adolescents ont été kidnappés, ravivant le spectre douloureux de Chibok. Préalablement attribué à des “bandits” agissant sans motivation idéologique et religieuse, cette revendication de Boko Haram marque un tournant important dans la propagation de l’influence des groupes jihadistes dans le nord-ouest du Nigeria.
On se souvient qu’en 2015, lors de son élection, Muhammadu Buhari avait fait de la lutte contre Boko Haram sa priorité. “Cette revendication d’Abubakar Shekau est un cauchemar pour le gouvernement nigérian car elle attise la contestation de la société civile contre lui”, remarque Moïse Gomis, correspondant France 24 au Nigéria. Déjà, dans l’opposition, des voix s’élèvent contre lui : “cet enlèvement dans l’État d’origine du chef d’État illustre sa faillite sécuritaire, alors qu’il s’est fait élire sur la promesse de garantir la sécurité à toutes et à tous”, s’indigne un membre Parti Démocratique Populaire, qui demande même l’ouverture d’une procédure de destitution.
Il faut dire que la situation sécuritaire s’est largement dégradée dans le nord du Nigeria depuis son accession au pouvoir. Selon l’AFP, le conflit djihadiste a déjà fait 36 000 morts, dans cette partie du pays, et plus de 2 millions de déplacés.
Guy Sandy
gsandy@wihianews.com