
RDC – JUSTICE : UN EX-CHEF DE GUERRE CONDAMNÉ À PERPÉTUITÉ

RDC – JUSTICE : UN EX-CHEF DE GUERRE CONDAMNÉ À PERPÉTUITÉ
Ntabo Ntaberi, alias “Sheka”, a été condamné à perpétuité pour crimes de guerre, par la Cour militaire opérationnelle du Nord-Kivu en RDC.
C’est un verdict “source d’un immense espoir pour les nombreuses victimes des conflits en RDC”, salue la Mission des Nations unies au Congo (MONUSCO).
Une décision approuvée également par Maitre Kahindo Fatuma, porte-parole du collectif des victimes : “Nous sommes satisfaits de ce verdict, c’est un signal fort pour les autres seigneurs de guerres (…) Les victimes seront un peu soulagées“, a-t-il réagi auprès de l’AFP.
Il faut dire que cette décision rendue le 23 novembre 2020 par la Cour militaire opérationnelle du Nord-Kivu e aura pris deux ans.
Deux ans pour les Nations unies, auteurs de l’enquête, de réunir toutes les preuves : “Entre le 30 juillet et le 2 août 2010, des attaques contre 13 villages (…) avaient fait 287 morts, alors que 380 femmes, hommes et enfants avaient aussi été violés. Le NDC a, en outre, recruté au moins 154 enfants dans ses rangs“, indiquent-ils d’ailleurs, dans un communiqué.
Témoignages
Un épisode affligeant aura marqué le déroulement de ce procès sinistre : le témoignage d’un enfant, enrôlé de force à l’âge de 9 ans après le meurtre de toute sa famille, par la milice de Sheka. Face à lui devant le tribunal, cet enfant l’a accusé d’avoir « volé » son enfance.
Pour mémoire, Sheka était le dirigeant de la milice dénommée Nduma Defense of Congo (NDC). Sous le prétexte d’une lutte contre les rebelles hutus rwandais des Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR) dans le Nord-Kivu, il s’était plutôt livré à des “meurtres, viols, esclavages sexuels, enrôlements d’enfants de moins de 15 ans” entre 2010 et 2017 dans le territoire de Walikale, dans l’Est de la RDC.
Réconfort
Des exactions qui avaient conduits à son arrestation en 2017, par les Casques bleus de la MONUSCO. Il était dès lors jugé en compagnie de trois de ses compagnons de guerre. Séraphin Zitonda, son second, a écopé également d’une peine d’emprisonnement à vie. Un autre milicien a écopé, lui, de quinze ans de prison. Le dernier prévenu, un enfant-soldat enrôlé de force, a été acquitté.
Depuis l’annonce de cette condamnation sans appel, les réactions de satisfactions fusent : “Les autorités ont prouvé aujourd’hui qu’elles étaient capables de mener à bout une affaire incroyablement complexe, tant juridiquement que d’un point de vue sécuritaire“, a déclaré Daniele Perissi, responsable du programme Grands Lacs de l’ONG TRIAL International.
Pour Thomas Fessy, Chercheur principal pour le Congo à Human Rights Watch, la condamnation de Sheka “marque un pas important dans la lutte contre l’impunité au Congo et témoigne du courage des survivants et activistes qui se sont battus pour obtenir justice malgré les risques encourus“.
Il faut dire que des dizaines de groupes armés sont encore en activité dans l’Est de la RDC, parmi lesquels, le redoutable groupe dénommé “Forces démocratiques alliées (ADF)”, responsable de la mort d’au moins 811 civils dans la région de Beni depuis le 31 octobre 2019.
Guy Sandy
gsandy@wihianews.com