
CAMEROUN: COUP DE GUEULE D’UN INDIGNÉ APRÈS L’ULTIME MASSACRE DES ENFANTS À KUMBA

CAMEROUN: COUP DE GUEULE D’UN INDIGNÉ APRÈS L’ULTIME MASSACRE DES ENFANTS À KUMBA
Drame de Kumba, le Cameroun serait-il une véritable curiosité planétaire comme le souligne Kemaro, ce jeune camerounais heurté au plus profond de ses tripes?

Il y en a même qui clament que le Cameroun est un et indivisible, comme s’ils perdaient quelque chose sur un bout de ce pays qu’ils ne connaissent même pas, pour la plupart, avec plein d’endroits que les étrangers de passage au pays connaissent mieux qu’eux. Certains ont oublié qu’une partie du Nord du Nigeria appartenait au Cameroun ainsi que le Gabon et la Guinee Équatoriale. Qu’ils devraient réclamer et annexer pour se sentir propriétaires. Sur les plateaux, dans les commentaires et les réseaux sociaux, beaucoup expliquent l’histoire fabriquée de toute pièce pour le besoin de la cause, et justifient une vie imaginaire qui selon eux existe dans les deux régions anglophones sans jamais y avoir mis les pieds depuis les quatre dernières années, certains même jamais.
C’est ça la force de l’expérience! Régner sur tout et sur tout le monde, par orgueil, par condescendance. Qui n’a pas souvenir de cette sortie assez explicite du dieu camerounais à Lyon où il a clairement fait savoir qu’ils ont travaillé à assimiler(annexer?) les anglophones mais cela semble compliqué? Qui est dupe ici? Qu’on explique après dans n’importe quel sens, c’est de la tricherie à la française, qui va alors s’en indigner? Les anglos sont secondaires! Les professionnels de la guerre les gèrent et justifient. Ils croyaient les éteindre en un mois…
Dans les bars, sur les réseaux sociaux, et les chaînes de télévision, que n’a t-on pas entendu pour se désengager des grabuges et autres horreurs et monstruosités que seul le Cameroun sait accommoder sans froncer le visage? Les enfants qui meurent ce samedi sont-ils plus précieux que les jumeaux de Koumatekel? Que les femmes fusillées au Nord Cameroun bébés au dos et tenant d’autres en main? Que les 14 enfants tués à Ngarbuh et brûlés avec leurs parents? Que pleins d’autres massacres qu’on ne découvrira qu’au lendemain de la “victoire nationale” et “internationale “?

Les frères d’armes envoyés justement en guerre sous les ordres sont devenus des bourreaux singuliers quand il s’agissait de justifier les forfaits, ils ont agi selon les instructions mais ils paient individuellement et deviennent les brebis galeuses du système. C’était suffisant pour consoler et sécher les larmes de crocodile des pseudo pleureurs sous caution. Que dire de l’instrumentalisation du pouvoir judiciaire? Il est devenu une trouvaille à la camerounaise, une justice qui n’est justice qu’en fonction de qui est en face, la justice qui s’est programmée pour tuer, dont les lois se modifient en fonction des stratégies de ceux qui doivent s’en servir pour museler, humilier, exploiter et tuer.
Les nouveaux textes sont nés, parfois appliqués de façon rétroactive et surtout sans aucun remord, le droit dépendant désormais de qui l’interprète et selon la position qu’on occupe. Le vocabulaire camerounais s’est enrichi de nouveaux mots devenus très courants et familiers : hostilité à la patrie, terrorisme, tentative de déstabilisation des institutions de la république, talibans, ethnofascistes, etc… la liste est longue. Les tribunaux se confondent, civil et militaire, peu importe, pourvu que le but soit atteint. Les arrestations arbitraires se succèdent sans aucune procédure d’usage, c’est le gâteau national et chacun qui a sa parcelle la mange selon ses habitudes, pour faire plaisir et honneur à dieu-photo, l’invisible seigneur des anneaux, le tout-puissant créateur le plus efficace des êtres invisibles.
Toutes ces réactions sur Facebook veulent signifier donc qu’on n’a jamais vu ça venir? Qui va se laisser impressionner ou s’émouvoir? Dion, c’est de l’enfumage, des pleurs narquois, des semblants d’émotion, de l’hypocrisie ! Ah oui! À quoi ça sert tout ça? D’ici deux jours tout cela va rentrer dans l’histoire et la vie va reprendre son cours. Nous allons redevenir nous mêmes, comme avant, comme avant Koumateke, comme avant les mamans et bébés du Nord, comme avant Garbuh et après aussi jusqu’à ce Samedi, chacun va spéculer pour continuer sa route. Surtout, n’essayez pas de suggérer une action collective d’indignation, c’est alors que chacun sortira de sa réserve pour montrer, démontrer et justifier que le Cameroun n’a pas besoin de ça. Tout va bien. Tout ira bien demain, jusqu’au prochain drame… et après, tout ira bien.
Entre-temps, on ne se pose jamais les bonnes questions. Quel est ce pays où la photo règne en maître? Où l’idole, même par sa photo contrôle le plus farouche des résistants?Quel est ce pays où sa population est fier d’être dirigé par un nom sous tutelle, d’un invisible tout-puissant, si puissant que son nom seul suffit pour mettre tout le monde au pas?
Qui le voit meurt! Il contrôle tout et décide de tout au pays de l’ombre et sa silhouette même aperçue dans un vidéo-film mal ajusté arrange les foules, fait des émules, ameute les griots et surtout agite les créatures et contente les adeptes en rassurant les septiques très crédules qui racontent avec beaucoup de conviction avoir vu dieu ou du moins un pan de lui. Ne leur demandez pas d’en dire plus. Il faut savoir se contenter du peu, et même du vide… Voilà les indignés du drame de Kumba, ce sont des résignés, des formatés, des peureux et des hypocrites qui veulent exister par une compassion de façade, mais qui construiront gaiement les tombeaux de ceux que leurs pères ont tué. Ça ne m’impressionne pas. La lâcheté ne pleure pas, si non, elle n’est que sadisme.
Carine Mambou