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CAMEROUN: AIDEZ-MOI, JE RISQUE DE MOURIR DANS CETTE MAISON À  DOUALA

CAMEROUN: AIDEZ-MOI, JE RISQUE DE MOURIR DANS CETTE MAISON À  DOUALA

CAMEROUN: AIDEZ-MOI, JE RISQUE DE MOURIR DANS CETTE MAISON À  DOUALA

La crise sanitaire sans précédent que nous vivons aujourd’hui, a des conséquences néfastes sur notre société, sur notre mode de vie, et sur les individus que nous sommes.

homme en detresseLorsque des gens ont un souci, le premier des réflexes est souvent de crier à l’aide! On appelle la police ou les pompiers. Dans notre contexte, on alerte l’entourage par des cris. De plus en plus, on contacte les médias ou alors, on prend au même moment, des photos, vidéos et l’information peut se retrouver partagée avec des milliers d’autres personnes sur les réseaux sociaux. C’est ainsi que nous avons appris l’histoire entre deux époux vivant à Douala, au Cameroun. Le mari aurait reçu une casserole d’eau bouillante sur le corps. Des photos, des images, mais un message : « aidez-moi … ».

Je suis toujours inspiré lorsque j’ai tous les éléments pour écrire au sujet des questions de société. Je suis toujours très motivé lorsque je suis convaincu que mon article pourra attirer l’attention et au mieux aider à résoudre une situation. Mais depuis quelques jours, j’ai des doutes… J’ai l’impression que plus nous parlons d’un sujet, plus les choses empirent. Le journaliste est-il encore celui-là qui éveille les consciences et susciter des décisions en vue de faire changer les choses? Un aveu d’impuissance devant des images horribles de femmes battues, violentées dans leurs ménages et de plus en plus, des hommes battus et tués dans de pareilles circonstances. Si le rôle des médias est essentiel à la transformation de notre société, comment peuvent-ils aider les victimes présentes et à venir?

Marylise vient de publier sur sa page Facebook, deux photos de son frère Ndedi, 39 ans, marié depuis trois ans, sans enfants et qui vient d’être admis aux urgences de l’Hôpital Laquintinie de Douala au Cameroun. Il aurait reçu une casserole d’eau bouillante sur le corps. Son épouse l’accuserait d’infidélité. Cette dernière se serait rendu compte que « depuis qu’il est à la maison avec cette histoire de virus, il passe plus de temps à tchatter sur son téléphone. Et quand tu t’approches, il cache… ». Alors qu’il prenait sa douche, sa femme aurait récupéré son téléphone portable et aurait découvert des messages d’une conversation avec « une correspondante ».  Ainsi, sur la base de ses soupçons d’infidélité, ivre de colère, elle serait passée à l’acte. Un geste non prémédité, un acte malheureux, un geste qu’elle regrette déjà: le mari a reçu sur le dos, une casserole d’eau bouillante.

La pandémie du Covid-19 entraîne aujourd’hui des dérèglements dans la vie sociale et familiale. Les époux sont contraints à réapprendre à vivre ensemble, se faire confiance, et pourraient au besoin bénéficier d’un accompagnement psychologique. Dans des sociétés plus organisées, il existe un numéro vert qui peut être utilisé dans des circonstances pareilles.

Mon métier m’exige l’objectivité, l’impartialité et donc de traiter les faits tels qu’ils se présentent. Malgré mes années d’expérience, il m’arrive de ne pas savoir par où commencer avec ces images qui me poursuivent toujours. Il m’arrive de me demander comment mon éditeur apprécierait ce papier si jamais, je ne rentrais pas dans son objectivité à lui. Et puis, il y a ces mots qui ne cessent de résonner dans ma tête y compris en pleine nuit : « aidez-moi ».

En peu de temps, les images du mari brulé par de l’eau bouillante avait fait le tour de la toile. Le mari aurait été identifié par des connaissances puis le lien établi avec la femme. Les commentaires se comptaient en nombre. L’épouse a eu droit – et même présentement, à tous les noms dignes d’un roman de Guy Descars: « la tueuse » « la meurtrière » « la sorcière »… D’un autre côté, on pouvait plutôt lire ces conseils pour guérir de ce type de brûlures. Mais aussi, des éléments de droit concernant les procédures en justice pour des cas similaires. Que n’apprends-t-on pas souvent sur la toile…

Des cas comme celui de Ndedi étaient encore rares il y a peu de temps. Aujourd’hui, les violences faites aux hommes se banalisent. Sans les encourager, il était jadis plus commun de relayer des informations relatives aux femmes battues, aux filles abusées etc. Les violences basées sur le genre concernent aujourd’hui autant les femmes que les hommes. Et, avec la montée du stress lié au nouveau mode de vie « confiné », des nouvelles façons collectives de penser et de vivre les relations voient le jour.

Ndedi et son épouse n’avaient pas l’habitude de passer tant de temps ensembles sous le même toit. Les occupations de chaque jour avaient suffi pour réguler la vie du couple. Des gestes simples comme le choix des programmes de télévision, les tâches domestiques surtout avec la réduction des entrées financières ; et plus encore les habitudes sexuelles, deviennent des sources potentielles de tensions. Ce qui s’est passé entre Ndedi et son épouse aurait pû être évité si des mesures d’accompagnement avaient été liées à la décision de confiner tout le monde. Pour bon nombre de cas, cette mesure ne s’accompagne pas d’un plan social.

Alors que la pandémie Covid-19 sévit, selon les données publiées par l’UNFPA,(Agence des Nations Unies pour la santé sexuelle et reproductive), le nombre de femmes confrontées à des grossesses non désirées, à des violences sexistes et à d’autres pratiques néfastes pourrait se compter en millions de cas dans le mois à venir. « La pandémie aggrave les inégalités et des millions de femmes et de filles risquent désormais de perdre la capacité de planifier leur famille et de protéger leur corps et leur santé », a déclaré le Dr Natalia Kanem, Directrice exécutive de l’UNFPA.

Il existe des Ndedi, des Awa, des Stella ou encore des Minh, qui vivent des situations pareilles mais qui se murent dans des silences coupables, pour éviter les jugements de la société. Notre monde a plus tendance à s’acharner sur la faute que sur le contexte. Mettre fin à ce type d’acte nécessite en accompagnement des mesures pénales et judiciaires, de l’éducation pour un changement de comportement. L’épouse de Ndedi regretterait son acte.

Pendant cette pandémie de Covid-19, où les déplacements sont restreints, les gens sont confinés et les systèmes de protection s’affaiblissent, les membres des familles courent un plus grand risque de subir des violences. La pandémie aggravera les inégalités existantes entre les sexes et augmentera ces risques. Les hommes pourraient également ressentir une pression face aux difficultés économiques résultant de la pandémie et le manque de travail pourrait provoquer des tensions et des conflits au sein des ménages avec comme résultat des violences.

De cette situation, l’on enregistre chaque jour des cas de violences conjugales et domestiques. Elles sont de plusieurs ordres et les plus fréquentes sont les violences physiques, psychologiques, verbales et sexuelles. Le rôle des médias est essentiel dans la sensibilisation aux violences basées sur le genre dans nos communautés. Il est possible d’arrêter ce qui est arrivé à Ndedi et à sa femme. Si nos articles peuvent aider à y mettre un terme, et bien les médias auront joué leurs rôles.

Eddy Patrick Donkeng

About The Author

Carine Mambou

Carine Mambou is a TV & Radio Personality, Author, Entrepreneur, Feminist, Comedian and Philanthropist. She is the founder of MEMA Group( WIHIA News, CAD Agency, CAD Aid & CAD Publishing). She also has over 19 years of experience in the Media Industry. Website: www.mema-group.com www.cad-aid.org Email: info@mema-group.com contact@wihianews.com cmambou@wihianews.com carinemambou@mema-group.com

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